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52 / L ‘OCÉAN : UNE BIODIVERSITÉ À PROTÉGER
L’EFFICACITÉ DES AMP ET DES
CANTONNEMENTS DE PÊCHE
D’autres initiatives ont fait la preuve de leur efficacité. Les AMP et
les cantonnements de pêche par exemple. Trois d’entre eux étaient
représentés lors de la conférence de la Monaco Ocean Week, le
11 avril 2018 : le parc marin de la Côte Bleue, créée en 1982, celle
du Cap Roux, née en 2004, et celle du Cap d’Agde plus récente.
Leurs directeurs insistent sur les bons résultats obtenus rapide-
ment. Chacune a constaté qu’en quelques années, les poissons y
étaient plus gros et plus nombreux et que la biomasse était en nette
augmentation. Mais, cette réussite nécessite un partenariat actif
de nombreux acteurs, notamment des pêcheurs, souvent chargés
d’assurer eux-mêmes la surveillance des zones de cantonnement
contre la pêche illégale.
La cogestion au sein des AMP et des cantonnements de pêche a
été un atout déterminant dans leurs réussites. L’un des éléments clé
pour préserver à la fois la pêche aux petits métiers et les ressources
qui appartiennent à tout le monde est de définir une meilleure gou-
vernance.
LA PLACE DES FEMMES
VERS UNE MEILLEURE Les femmes sont peu visibles dans le monde
GOUVERNANCE de la pêche et pourtant, elles sont nombreuses
à y travailler. Elles participent à la récolte, peuvent
Cet objectif a été celui du projet innovant Oz Miñarzos, une réserve être présentes à bord ou dans l’aquaculture, la
en Galice au Nord de l’Espagne. Devant l’inefficacité de la gouver-
nance, l’absence de cadre juridique international et la multiplication vente du poisson, la transformation des produits
de règles imposées mais inapplicables, des pêcheurs artisanaux ou leur promotion. Elles innovent, éduquent
espagnols ont décidé de créer une réserve marine qu’ils cogèrent
de manière paritaire avec l’État, des scientifiques et des ONG. En ou agissent en coulisse dans les banques,
16 ans, elle a été élargie, à leur demande, de 2 000 à 100 000 ha. et l’administration, les criées…
préconise des principes de gouvernance collectifs et transparents.
« Le modèle actuel, dit top-down, encourage la concurrence dé- « Leur contribution est indispensable et positive,
loyale et les mauvaises pratiques, explique Antonio Garcia Allut, de
la Fondation Lonxanet. Pour préserver les ressources marines qui surtout dans la pêche artisanale, alors qu’elles ne
nous sont communes et dont les pêcheurs ont l’usufruit, il nous faut touchent souvent pas de salaire, ne bénéficient
expérimenter et développer de nouvelles formes d’organisation, de
nouvelles règles et de nouvelles collaborations entre les pays ». d’aucun avantage social et ne figurent jamais dans
les statistiques. Elles sont invisibles » regrette
Aujourd’hui, il y a urgence pour les États méditerranéens à élabo-
rer un plan d’action régional pour la petite pêche côtière. Plusieurs Marja Bekendam, porte-parole d’AKTEA, le réseau
actions doivent être menées de front : améliorer la connaissance, européen des femmes dans la pêche.
garantir une pêche artisanale pérenne, rentable et socialement res-
ponsable, interdire les pratiques destructrices, favoriser les initiatives Grâce à son action, un cadre juridique a
bottom-up et de cogestion, et organiser des zones cantonnement
de pêche pérennes et des AMP. progressivement été mis en place pour l’épouse
du pêcheur qu’il faudrait désormais transposer
« Rien n’est encore perdu, souligne Maria Jose Cornax, la directrice
des politiques et du plaidoyer Oceana Europe. Mais les intérêts gé- du droit européen à celui de chaque pays.
néraux doivent passer avant les intérêts particuliers ».