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32 / L’OCÉAN, UN TERRITOIRE MENAÇANT ET MENACÉ










            La  communauté  scientifique  a  révélé  avoir  compris  comment
            les ciguatoxines se transmettent de l’algue aux poissons, puis
            à l’homme, comment ces toxines se transforment pour devenir
            encore plus toxiques, et mis en avant que les toxines impliquées
            étaient différentes suivant les océans.

            De nombreux champs de recherche restent encore à couvrir :
            identifier les toxines et les espèces de poissons les plus impor-
            tantes à surveiller, mieux quantifier la toxine et son degré de toxi-  Marie-Yasmine
            cité, évaluer le niveau des risques suivant les espèces, modéliser   Dechraoui-Bottein
            la transmission de la toxine tout au long de la chaîne alimentaire   Chercheur en toxicologie
            depuis l’algue jusqu’aux grands carnivores, définir les méthodes   environnementale
            et les rythmes de surveillance, mettre en place des traitements   aux laboratoires
            efficaces, mesurer l’impact humain et économique de cette in-  de l’environnement
            toxication qui touche principalement la ceinture tropicale, dans   de l’AIEA à Monaco
            l’océan Indien, les Caraïbes et les îles du Pacifique, même si
            elle s’étend désormais à l’Europe ou au pourtour méditerranéen.

            Le  risque  sanitaire  de  la  ciguatera  n’est  pas  suffisamment
            connu. Les médecins ne sont pas toujours formés pour détecter
            les cas d’empoisonnement par le poisson. Il est donc important
            de les prévenir, eux et les structures médicales. Un atelier de la   Chercheur en toxicologie environnementale aux
            Monaco Ocean Week 2018 a réfléchi à la mise en place d’un   laboratoires de l’environnement de l’AIEA à Mona-
            guide simple pour que les pays concernés prennent en compte
            le danger et que ceux qui en sont déjà conscients, adoptent une   co, Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein dirige un pro-
            méthodologie pour traiter symptômes et maladies. Cette docu-  gramme de recherche sur le contrôle et la prévention
            mentation doit multiplier les supports informatifs (kits, spots TV
            etc.) pour sensibiliser les autorités de santé de chaque pays, les   des impacts des biotoxines marines sur l’environne-
            médecins et pourquoi pas la population.                   ment, la sécurité sanitaire des aliments et la santé
                                                                      publique. Dans ce cadre-là, elle est aussi adminis-
            De  nombreux  organismes  internationaux  (la  FAO,  l’OMS  etc.)
            ont pris conscience de l’importance du sujet. Comme le rappe-  tratrice technique de projets nationaux, régionaux
            lait Elisa Bertalet, du Global Harmful Algal Blooms, programme
            de coordination internationale pour la recherche des algues,    et interrégionaux de coopération technique ayant
            « il n’y aura pas de solutions locales. Il faut promouvoir une stra-  pour but de renforcer les capacités de gestion des
            tégie globale. La ciguatera est un important problème de santé
            publique, au lourd impact économique que l’on peut juguler à   environnements marins des États membres, et ainsi
            condition de bien connaître les mécanismes de l’intoxication et   contribuer au développement socio-économique du-
            d’en gérer les risques ».
                                                                      rable par l’utilisation de techniques nucléaires.
            Les participants qui représentaient une trentaine de pays des
            régions  Afrique,  Asie-Pacifique,  Amérique  latine,  Caraïbes  et
            Europe se sont félicités des échanges passionnants et enri-  L’AIEA a organisé, en partenariat avec les Accords
            chissants, des informations partagées et de la sensibilisation   RAMOGE les ateliers sur les microalgues toxiques :
            à mettre en œuvre auprès de tous les pays, même ceux sans
            cas déclarés. Marie-Yasmine Dechraoui-Bottein (AIEA) a pour sa   risques pour l’environnement, l’alimentation et la san-
            part rappelé la nécessité de développer la recherche et dévelop-  té et stratégie de surveillance, qui se sont déroulés
            pement sur le sujet et de trouver des solutions transversales à
            un phénomène de plus en plus répandu.                     durant la deuxième Monaco Ocean Week. Marie-Yas-
                                                                      mine Dechraoui-Bottein en était la responsable scien-
                                                                      tifique et technique et en dresse un bilan argumenté.
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