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30 / L’OCÉAN, UN TERRITOIRE MENAÇANT ET MENACÉ
GÉRER LES MICROALGUES TOXIQUES
Risques pour l’Environnement,
l’Alimentation et la Santé et
Stratégie de Surveillance
La Monaco Ocean Week 2018 a mis l’accent sur un sujet majeur
qui concerne de nombreux territoires : les microalgues toxiques et
le danger qu’elles représentent de manière diffuse pour de plus en plus
de populations par consommation de poisson et coquillages contaminés.
L’Agence Internationale de l’Énergie Ato- Les microalgues toxiques du genre Ces toxines, appelées ciguatoxines, s’ac-
mique (AIEA) a organisé, en partenariat ostreopsis, vivant habituellement dans les cumulent ainsi dans les chairs des poissons
avec l’accord RAMOGE ces ateliers sur les eaux chaudes des mers tropicales, ont été sans les empoisonner mais sont toxiques
microalgues toxiques : risques pour l’envi- identifiées il y a une quinzaine d’années, pour les humains qui les consomment.
ronnement, l’alimentation et la santé et stra- pour la première fois en Méditerranée, sur
tégie de surveillance. le littoral RAMOGE, probablement trans- La ciguatera concerne à la fois, les popu-
portées par les eaux de ballast des navires lations locales, des Caraïbes, des régions
Ces ateliers ont réuni plus de 60 partici- et compte tenu des conditions climatiques sub-tropicales pour qui ces poissons re-
pants venus du monde entier pour tenter très favorables, elles ont pu se développer présentent souvent la principale source
de dresser un état des connaissances, par- sous nos latitudes. Ainsi, depuis quelques d’apport en protéines, mais aussi et de plus
tager les expériences et envisager les me- années, les phénomènes d’efflorescence en plus des touristes ou encore des popu-
sures à prendre pour essayer d’endiguer les d’ostreopsis sont une problématique sur la- lations éloignées qui importent de manière
effets des microalgues toxiques, en particu- quelle les scientifiques de la zone RAMOGE croissante ces produits de la mer, souvent
lier ceux des Gambierdiscus, responsables ont mené un travail coopératif avec les à haute valeur ajoutée pour les populations
de la Ciguatéra mais aussi des ostreopsis autorités sanitaires qui a permis de mieux locales. « La ciguatera est une intoxication
pour leur possibles impacts négatifs sur la comprendre l’écologie et la dynamique de alimentaire transmise par les poissons ou
santé humaine, les écosystèmes marins et ces microalgues et d’établir des procédures par les gastéropodes, elle est connue de-
sur l’économie locale. de surveillance en observant leur niveaux puis longtemps. Ses vecteurs sont mobiles
de concentrations sur les plages lors de la donc difficiles à identifier », confirme le
Cette formation s’est tenue pendant 4 jours période estivale. Dr. Philippe Hess de l’Ifremer. Cette intoxi-
au Musée océanographique de Monaco. cation demeure toujours, au niveau mon-
Des gestionnaires et scientifiques des mi- Les Gambierdiscus sont aussi des mi- dial, la plus fréquente des intoxications par
lieux marins ont pu bénéficier de l’expé- croalgues toxiques vivant habituellement consommation de produits de la mer ayant
rience d’une vingtaine d’experts de renom- dans les eaux tropicales. Consommées été bien conservés. Les toxines ne peuvent
mée internationale dans le domaine des par les poissons herbivores ou les coquil- être détruites ni par la cuisson, ni par la
microalgues toxiques. lages, eux-mêmes mangés par leurs préda- congélation, ni par le séchage.
teurs, les puissantes neurotoxines que ces
microalgues contiennent se retrouvent alors
tout au long de la chaine alimentaire.