« Because The Ocean » quelle action pour l’océan à l’échéance de la COP26 ?

par | Mar. 25, 2021

Un atelier en ligne des signataires de « Because the Ocean » s’est tenu le 23 mars 2021, dans le cadre de la Monaco Ocean Week. Cinquante-deux personnes représentant dix-sept pays, plus AOSIS et la Commission européenne, ont participé à cet événement organisé sur invitation uniquement.

Après des présentations de la Principauté de Monaco, de la Fondation Prince Albert II de Monaco (FPA2), de la présidence britannique de la COP26 et de la présidence chilienne de la COP25, une table ronde a suivi, animée par l’ambassadrice Helen Agren de Suède.

La réunion a également pu compter sur la participation de l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’océan, l’Ambassadeur Peter Thomson.

Depuis son lancement en 2015, l’initiative « Because the Ocean », soutenue par la Fondation Prince Albert II de Monaco (FPA2), rassemble 39 pays signataires. S.A.S. le Prince Albert II de Monaco et la Principauté de Monaco suivent de près les progrès réalisés depuis la COP21 pour traiter de l’océan au sein des mécanismes de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), notamment le travail déployé collectivement par les pays signataires de l’initiative « Because the Ocean » à la COP21 et COP22 aux côtés de S.A.S. le Prince Albert.

Force est de constater que, ces dernières années, l’agenda océan a progressé dans les discussions sur le climat, tant au sein qu’en dehors de la CCNUCC. L’Accord de Paris a marqué un tournant et, à partir de la COP21, nous avons constaté un intérêt accru pour l’océan. Depuis lors, des développements encourageants ont eu lieu sur plusieurs fronts :

  • Connaissances et science : les contributions et les connaissances disponibles sur les interactions entre l’océan et le climat sont de plus en plus nombreuses. Les rapports du GIEC, respectivement, le rapport spécial 1,5°C (5, 2018) et le rapport spécial océan et cryosphère (SROCC, 2019) ont contribué à l’établissement d’un consensus sur les liens entre l’océan et le climat. Le Groupe de haut niveau sur l’économie océanique durable [High Level Panel on Sustainable Ocean Economy] a également publié un rapport important en décembre 2020 proposant de nouvelles approches pour l’utilisation de l’Océan et des recommandations pour les solutions qu’il favorise. Et aujourd’hui, la Décennie des Nations unies pour les Sciences de l’Océan au service du développement durable (2021-2030) nous amènera encore plus loin pour générer des connaissances et des données scientifiques.
  • Engagement national : L’océan est désormais de plus en plus pris en compte dans les politiques climatiques et vice-versa. Les versions actualisées des Contributions déterminées au niveau national (CDN) prennent de plus en plus en compte l’océan, que ce soit en termes de mesures concrètes d’atténuation ou d’adaptation – par exemple, l’Indonésie prévoit d’inclure des mesures d’adaptation fondées sur l’océan, le Chili propose de faire progresser la prise en compte du changement climatique dans la gestion des Aires Marines Protégées (AMP), le Suriname et les Îles Marshall envisagent des solutions fondées sur l’océan, etc.
  • Mobilisation et sensibilisation : Les journées de l’océan organisées lors des COP ont progressivement fait passer l’océan de l’arrière-scène à la zone bleue des négociations. Aussi, diverses alliances et coalitions ont vu le jour, notamment la plateforme « Océan et climat », l’action des « Amis de l’océan », le partenariat « Ocean Pathway », l’Alliance pour l’acidification de l’océan… et bien d’autres initiatives de collaboration. La dynamique créée par l’attention accrue des ONG, des scientifiques et des États, sur le lien entre l’océan et les systèmes climatiques a ouvert la voie à l’organisation d’une « COP bleue » en 2019.
  • Intégration des politiques : Dans le cadre du Partenariat de Marrakech pour une action mondiale en faveur du climat (MPGCA), l’océan et les zones côtières constituent un thème clé qui offre une plateforme aux acteurs non étatiques. La « COP bleue », sous la présidence chilienne, est entrée dans l’histoire en reconnaissant pleinement le rôle de l’océan dans les systèmes climatiques. La COP a pris une décision forte en appelant le SBSTA, instance subsidiaire de la convention climat, à organiser un dialogue sur l’ océan et le climat. Cette réunion organisée les 2-3 décembre 2020 a offert un espace aux Parties et non-Parties pour discuter le renforcement des mesures d’adaptation et d’atténuation qui prennent en compte l’océan.

Nous devons la prise en compte grandissante de l’océan dans les mécanismes de la CCNUCC à de nombreuses parties prenantes, notamment tous les pays signataires de l’initiative « Because The Ocean », dont la caractéristique est d’être un rassemblement de délégations gouvernementales uniquement. Les deux déclarations  » Because The Ocean  » et leurs 39 signataires ont joué un rôle important pour faire avancer l’action en faveur de l’océan et du climat dans le cadre de la CCNUCC, en promouvant l’ambition et en assurant une dynamique politique de haut niveau.

En outre, les questions relatives à l’océan et au changement climatique sont de plus en plus souvent abordées dans les organisations et forum des Nations unies, notamment la Convention sur la diversité biologique (CDB), l’Organisation maritime internationale (OMI), les négociations relatives à un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR), ou dans le cadre de la mise en œuvre de l’ODD 14. Ces liens doivent être renforcés pour que l’action en faveur des océans soit soutenue à tous les niveaux. Un bon exemple a été fourni par la publication, mi-mars 2021 dans le magazine Nature, d’une nouvelle étude sur l’empreinte carbone des pêcheries industrielles utilisant la technique du chalutage de fond, étude qui suscitera très probablement des débats à l’approche de la COP26 mais aussi de la COP15 de la CDB, ainsi que de la reprise des négociations sur BBNJ.

La COP26 devrait faire progresser le lien entre l’océan et le climat. Étant donné le début de ce que l’on espère encore être la « Super Année pour l’Océan, le Climat et la Biodiversité », l’augmentation de l’ambition pour l’océan est au cœur des préoccupations de la présidence britannique de la COP26. À cette fin, une priorité essentielle est que chaque pays présente des CDN révisées de plus en plus ambitieuses. Les parties doivent s’engager en faveur d’un avenir sans émissions nettes pour atteindre les objectifs climatiques et protéger l’océan. Pour défendre la nature, il faut s’attaquer à la fois à la crise du climat et à celle de la biodiversité, notamment en protégeant les écosystèmes marins menacés.

Il faut adopter une approche holistique pour la COP26 de la CCNUCC et la COP15 de la CDB. Ainsi, l’objectif mondial de protéger au moins 30 % des océans d’ici à 2030 et l’engagement des dirigeants en faveur de la nature pour inverser le déclin de la biodiversité d’ici à 2030 sont fondamentaux. La coopération et le soutien internationaux sont essentiels à cette ambition. À cette fin, le Royaume-Uni a rappelé son engagement de 500 millions de dollars au sein du Fonds pour la planète bleue [Blue Planet Fund] afin de protéger la biodiversité marine, et son soutien à la Décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030) afin de placer les meilleures données scientifiques disponibles au cœur des discussions.

 

La réunion a été l’occasion pour le Chili de présenter ses idées  quant à sa proposition d’élaborer une troisième déclaration  » Because The Ocean  » pour la COP26, et pour les autres pays d’apporter leur contribution et commentaires. L’assistance technique, le financement, l’inventaire et le renforcement des discussions en cours dans le cadre de la CDB sont autant de questions qui ont été abordées.