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12 /  MONACO AU CŒUR DES DÉBATS SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE








                                                                            Hervé Claustre
                                                                            Directeur de recherche (CNRS) au Laboratoire
                                                                            d’Océanographie de Villefranche sur mer (UPMC/CNRS)




















                                                                                             Pourquoi s’intéresser à l’océan ?
                                                             Nous devons mieux comprendre les mécanismes de la fixation du CO  par le
                                                                                                                   2
                                                              phytoplancton et son éventuel transfert par la chaîne trophique vers le fond
                                                               des océans. Or, la profondeur moyenne de l’océan est de 3 800 mètres et
                                                              les tempêtes, les pressions élevées et l’absence de lumière dans les grands
                                                               fonds marins font que l’océan profond reste un grand inconnu : des zones
                                                               aussi vastes que la France sont totalement ignorées. La moitié du carbone
                                                             anthropique pénétrant dans l’océan est « pompé » par l’océan austral. Nous
                                                           disposons encore de trop peu d’estimations dans cet océan lointain et d’accès
                                                                difficile par bateau. Pourtant nous nous devons d’observer plus et mieux.

                                                                                         Pourquoi avoir recours à des robots ?
                                                                   Les conditions météorologiques dans l’océan austral sur lequel nous
                                                             concentrons nos études rendent en effet les campagnes océanographiques
                                                              difficiles, d’où l’intérêt de trouver des alternatives avec ces robots. Le projet
                                                                 Argo de surveillance de l’océan repose sur une flotte d’environ 4 000 de
                                                              ces robots, des flotteurs-profileurs, pour recueillir des mesures précises de
                                                                   température et de salinité partout et tout le temps entre la surface et
                                                               2 km de profondeur. Chaque robot réalise ces mesures tous les dix jours.
                                                                En plus de ces données, le programme Biogeochemical-Argo qui repose
                                                            actuellement sur une flotte de près de 200 flotteurs nous renseigne désormais
                                                                 sur le fonctionnement biogéochimique de l’océan en mesurant d’autres
                                                             paramètres comme la quantité de particules, l’éclairement, l’oxygène, le pH,
                                                                la concentration en nitrate, ou en chlorophylle, indicatrice de la biomasse
                                                              végétale. L’ensemble de ces mesures est transmis en temps réel (moins de
                                                                24 heures) et peut être notamment comparé aux mesures des satellites.

                                                                              Quels résultats attendez-vous de l’océan austral ?
    © David Luquet Observatoire Océanologique de Villefranche  ainsi transmettre l’intégralité des données acquises pendant l’hiver. C’est une
                                                           Nous avons choisi de lancer une campagne d’exploration dans certaines zones
                                                              au sud du plateau de Kerguelen. En particulier, certains de ces robots ont la
                                                               capacité de continuer à acquérir des données sous la banquise hivernale.
                                                              Au printemps lors de la fonte de la banquise, le robot peut refaire surface et

                                                                                      source d’information potentiellement unique.
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