Page 14 - Livre_MOW_FR_MD1
P. 14
12 / MONACO AU CŒUR DES DÉBATS SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Hervé Claustre
Directeur de recherche (CNRS) au Laboratoire
d’Océanographie de Villefranche sur mer (UPMC/CNRS)
Pourquoi s’intéresser à l’océan ?
Nous devons mieux comprendre les mécanismes de la fixation du CO par le
2
phytoplancton et son éventuel transfert par la chaîne trophique vers le fond
des océans. Or, la profondeur moyenne de l’océan est de 3 800 mètres et
les tempêtes, les pressions élevées et l’absence de lumière dans les grands
fonds marins font que l’océan profond reste un grand inconnu : des zones
aussi vastes que la France sont totalement ignorées. La moitié du carbone
anthropique pénétrant dans l’océan est « pompé » par l’océan austral. Nous
disposons encore de trop peu d’estimations dans cet océan lointain et d’accès
difficile par bateau. Pourtant nous nous devons d’observer plus et mieux.
Pourquoi avoir recours à des robots ?
Les conditions météorologiques dans l’océan austral sur lequel nous
concentrons nos études rendent en effet les campagnes océanographiques
difficiles, d’où l’intérêt de trouver des alternatives avec ces robots. Le projet
Argo de surveillance de l’océan repose sur une flotte d’environ 4 000 de
ces robots, des flotteurs-profileurs, pour recueillir des mesures précises de
température et de salinité partout et tout le temps entre la surface et
2 km de profondeur. Chaque robot réalise ces mesures tous les dix jours.
En plus de ces données, le programme Biogeochemical-Argo qui repose
actuellement sur une flotte de près de 200 flotteurs nous renseigne désormais
sur le fonctionnement biogéochimique de l’océan en mesurant d’autres
paramètres comme la quantité de particules, l’éclairement, l’oxygène, le pH,
la concentration en nitrate, ou en chlorophylle, indicatrice de la biomasse
végétale. L’ensemble de ces mesures est transmis en temps réel (moins de
24 heures) et peut être notamment comparé aux mesures des satellites.
Quels résultats attendez-vous de l’océan austral ?
© David Luquet Observatoire Océanologique de Villefranche ainsi transmettre l’intégralité des données acquises pendant l’hiver. C’est une
Nous avons choisi de lancer une campagne d’exploration dans certaines zones
au sud du plateau de Kerguelen. En particulier, certains de ces robots ont la
capacité de continuer à acquérir des données sous la banquise hivernale.
Au printemps lors de la fonte de la banquise, le robot peut refaire surface et
source d’information potentiellement unique.